« Les monstres, c’est la vie. »
Nils Lemonnier, animateur 3D et ancien étudiant du département informatique graphique de l’IUT du Puy-en-Velay revient sur son parcours dans une interview. Découvrez le profil de ce passionné d’animation et d’univers monstrueux.
Peux-tu nous décrire en quelques lignes le métier que tu exerces actuellement ?
« Je suis animateur 3D pour le studio d’effets visuels et d’animation numérique de renommée mondiale, Important Looking Pirates en Suède à Stockholm. Les aficionados de la 3D connaissent cette boite notamment pour ses travaux sur les séries à succès tels que Games Of Thrones ou encore The Mandalorian.
Pour faire simple, mon travail consiste à faire bouger, à donner vie à des personnages en 3D. Je m’occupe aussi du rigging. C’est la phase de création du squelette à l’intérieur du personnage qui permet de l’animer. »
Qu’est-ce qui te plait le plus dans ton travail ?
« Ce que j’aime c’est concevoir et animer des monstres. Une fois le projet abouti, j’ai envie que ça me fasse peur à moi-même. Comme se chatouiller soi-même, c’est très dur. Il faut allier la technique à la créativité. Cela nécessite de la patience et de la persévérance : deux secondes d’animation correspondent à environ deux semaines de travail. »
Tu es passé sur les bancs de l’IUT du Puy-en-Velay de 2012 à 2015, pourquoi avoir choisi le parcours informatique graphique ?
« J’ai toujours su que je voulais exercer dans l’animation 3D. L’IUT du Puy-en-Velay proposait un cursus orienté dans ce domaine, il n’en fallait pas moins pour me convaincre.
Au début, j’ai été surpris car je m’attendais à suivre principalement des cours d’animation et non de programmation. Même si la 3D n’était pas le noyau dur de la formation, l’ambiance avec les camarades et avec l’équipe de professeurs était dynamique et chaleureuse. Tout invitait à rester.
Malgré mon manque d’enthousiasme pour la prog, j’ai persévéré jusqu’à l’obtention de mon diplôme. Au final, comparé à un cursus classique, la programmation a été un gros plus pour moi. Dans mon métier, nous sommes peu nombreux à avoir la double casquette.
Mon cours préféré était évidemment la 3D. Je prenais beaucoup de plaisir lors des TPs de conception de jeux vidéo. J’avais une tablette pour dessiner des assets, c’est-à-dire les éléments du jeu. Je me souviens très bien des nuits blanches passées avec les potes à dessiner, et à coder sous Unity. »
Tu nous parles de l’ambiance sympathique à l’IUT, peux-tu nous conter un souvenir marquant ?
« Sans hésiter, les soirées au Rob. Le Robinson, c’est un bar au cœur du centre du Puy qui a accueilli notre joyeuse troupe d’étudiants un bon nombre de fois pour nos moments de décompression après les cours. »
Bar Le Robinson au centre du Puy-en-Velay
« Un souvenir précis à vous partager ? Je choisirais la journée d’intégration. Un étudiant de deuxième année nous avait orchestré un faux cours de programmation en assembleur. Il se faisait passer pour le professeur exécrable et sévère qui exigeait de nous que nous soyons très performants. Alors que nous nous apprêtions à faire une interrogation surprise catastrophique sur des notions à peine comprises, la supercherie a été levée. Il s’agissait d’une blague. Nous étions tous conviés à découvrir l’IUT et les alentours du Puy par des activités ludiques. »
Quel a été ton parcours à la sortie de l’IUT ?
« Dans ma promotion très peu d’étudiants ont continué les études à la suite du DUT. C’est une question de choix. Moi, je ne me sentais pas prêt pour le monde du travail. J’avais le bagage technique offert par l’IUT, je voulais faire de la 3D mais je n’avais pas encore le niveau suffisant pour exercer le métier d’animateur. J’avais prévu de faire une école. J’ai intégré l’ArtFX orientée dans la conception d’images réelles VFX, c’est-à-dire la 3D réaliste.
Dans la promo d’ArtFX nous étions deux à savoir coder, tous deux issus du département informatique graphique du Puy-en-Velay. Cela a été un avantage considérable. Encore aujourd’hui, mes compétences en programmation sont un véritable atout pour le métier que j’exerce. Cette compétence est particulièrement appréciée. »
Qu’est-ce que tu conseillerais aux étudiants qui choisissent la formation aujourd’hui ?
« Pour les étudiants qui s’intéressent à la 3D, je leur conseillerais de ne pas négliger les cours de prog. J’aurais été plus performant si j’avais pris ces cours plus au sérieux dès le départ et si j’avais continué à entretenir mes compétences. J’ai oublié pas mal de choses et ça m’a pris du temps pour me remettre à niveau.
Si je m’en suis bien sorti dans le monde de la 3D, c’est en partie parce que j’ai repris la programmation il y a 3 ans. Cela permet une efficacité redoutable que peu d’artistes 3D possèdent. Sans ce bagage, j’aurais eu peur de m’y mettre (comme beaucoup de mes collègues actuellement). Donc, suivez bien vos cours ! »
Si pour Nils « les monstres, c’est la vie », il aime aussi se challenger en s’investissant dans d’autres projets d’envergure.
Son court métrage Time’s Down réalisé avec Jonathan Bachetier, Valentin Soulard, François Brugalières et Yan Weitlauff a été nominé pour la 19e cérémonie mondiale Visual Effects Society Awards qui récompense les meilleurs professionnels des effets spéciaux.
Ce jeune talent tient également une chaine YouTube Cronophage dédiée au Deep Learning et à l’utilisation de l’IA dans la définition du comportement des personnages de jeux vidéo.
Nils est un passionné qui n’a pas fini de nous surprendre...